Aujourd’hui, l’Usine est menacée de fermeture. Nous avons choisi de nous mobiliser.

Pour certaines et certains, c’était il y a trente ans. Pour d’autres vingt ans, ou dix ans… Nous avons été au début de l’aventure, ou nous l’avons rejoint plus tard.
Fondateurs-trices, organisateurs-trices, bénévoles, artistes, utilisateurs-trices, spectateurs-trices, visiteurs-euses, nous avons toutes et tous en commun d’être passés par l’Usine. D’y avoir fait nos premières armes en matière de création, d’organisation de spectacles ou de gestion collective et culturelle. Pour certain-e-s, ce passage a duré des années, pour d’autres un peu moins. Nous en avons toutes et tous gardé un souvenir indélébile. Une expérience de partage, de mise en commun des énergies, mues par une dynamique singulière et extrêmement stimulante. Nous en avons retiré un rapport au monde basé sur la solidarité, la tolérance, mais aussi la ténacité et la combativité. Un rapport au monde qui nous accompagne encore aujourd’hui dans nos pratiques quotidiennes, qu’elles soient professionnelles, sociales ou artistiques.

Certaines et certains d’entre nous sont devenus des acteurs reconnus de la Cité, d’autres ont placé notre ville et l’esprit qui la caractérise sur la carte du monde culturel et artistique bien au-delà de nos frontières. Un esprit axé sur l’ouverture aux autres et au monde.
L’Usine joue un rôle social, culturel, mais aussi formateur pour celles et ceux qui y travaillent. Une formation acquise sur le terrain, les mains dans le moteur de cette société qui sera celle de demain mais qui est déjà celle d’aujourd’hui : non pas des barbares ou des sauvageons, des drogués ou des hors-la-loi, mais des jeunes qui ont choisi de vivre leur jeunesse et la culture autrement. Des jeunes qui montrent leur indépendance d’esprit et leurs convictions, et qui souhaitent les partager avec d’autres. L’Usine est aussi un laboratoire passionnant et enrichissant de la vie en commun, de la vie en société, de la vie tout court : un espace où s’apprend l’Avec, dans une société qui, de plus en plus, prône le Contre.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, nous, artistes, auteur(e)s, créateurs-ices, journalistes, politiciens-nes, magistrats-es, chercheurs,euses, enseignants-es, citoyennes et citoyens, actrices et acteurs de notre Cité, appelons le Conseil Municipal, le Conseil d’Etat et plus particulièrement son Ministre de la sécurité et de l’économie, M. Pierre Maudet, à reconnaître le système de fonctionnement de ce lieu culturel qui a largement fait ses preuves, soit l’autogestion et la responsabilité collective et solidaire de l’Usine.

Nous demandons que les autorités compétentes poursuivent le dialogue avec l’Usine et tiennent compte de sa revendication en vue d’obtenir une autorisation au nom d’une personne morale et réclamons également le déblocage immédiat des dons de la Loterie Romande, qui ne sauraient être retenus en otage dans le bras de fer qui oppose l’Etat à l’Usine.

Il y a trente ans, nous n’avions demandé l’autorisation de personne pour exister. Nous nous sommes battus. Pour qu’une culture hors des sentiers battus puisse s’affirmer. Puis d’autres ont continué à le faire. Avec succès. Durant des années. Et d’autres encore le font aujourd’hui.

Nous sommes avec elles et avec eux.
Pour que cette voix existe, pour qu’elle continue à se faire entendre. Parce que jamais personne ne la fera taire.

Signer la pétition en ligne sur http://appelpourlusine.wesign.it/fr.