Tirana, la ville comme une oeuvre d'art

01Tirana, capitale de l’Albanie, est dans l’esprit de beaucoup une ville empreinte des vestiges de l’époque soviétique et de l’urbanisme stalinien de l’ancien leader Enver Hoxha. Mais la Tirana actuelle n’a plus grand-chose de sinistre depuis que ses habitants ont trouvé une solution pour mettre de la couleur dans leur vie. Comment me demanderez-vous, tout simplement en élisant un artiste pour maire. C’était en 2000 et il en est maintenant à son troisième mandat. Elu meilleur maire du monde en 2004, Edi Rama a donc décidé de changer complètement le paysage de sa ville et si l’intérieur de ces blocs n’a pas vraiment changé, la ville est devenue une oeuvre d’art géante. Le maire dessinant les premiers motifs lui-même puis invitant des artistes étrangers, mais aussi des étudiants locaux et des enfants à participer à ce rajeunissement. Leurs dessins étant ensuite reproduits sur les façades des immeubles de Tirana… Voilà un résultat des plus bluffant et montrant une image à des années lumières des idées préconçues que l’ont peu se faire de l’Albanie depuis la Suisse.

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D’autres images sur Flickr:

Tirana par Valeria Mannarelli
Ti.mo’s

Adens Borova, architecte, est originaire de Tirana. Il a étudié les transformations du centre de la ville ces 20 dernières années. sur le site observers.france24.com :

Pendant 50 ans, l’Albanie a été un pays fermé sur lui-même, par conséquent, quand il s’est ouvert au monde, beaucoup de gens ont cherché à s’affranchir des anciennes règles. La première chose que les habitants ont faite a été de fermer les balcons pour en faire de nouvelles pièces et ainsi agrandir leurs appartements. Les façades des immeubles ont ainsi été modifiées et l’architecture de la ville, déjà très moche, est devenue plus chaotique encore.

C’est à ce moment qu’Edi Rama a décidé d’intervenir. Au début, beaucoup étaient sceptiques à l’idée que leurs immeubles soient peints de toutes les couleurs. Mon grand père, qui vivait dans un des premiers bâtiments à avoir été peint, était inquiet du résultat car les résidents n’avaient même pas le droit de choisir les couleurs. Finalement, il a adoré le rouge foncé choisi pour son bâtiment.

Ces peintures n’ont rien d’exceptionnel, mais l’effet est très surprenant quand on marche dans les rues. Ils ont fait de ces immeubles construits sans aucun souci esthétique quelque chose de très attirant. La plupart des habitants en sont contents, d’autant plus que c’était la seule option envisageable avec le peu d’argent dont disposait la ville.

Mais je ne pense pas que Tirana reste comme ça pour toujours. C’est un peu comme quand les enfants dessinent sur les murs, c’est très joli, mais on ne s’imagine pas grandir avec. En plus, la peinture ne signifie pas que les conditions de vie à l’intérieur de ces immeubles ont changé. J’espère qu’un jour la ville aura assez d’argent pour organiser un changement plus radical et que d’ici 20 ans ces immeubles seront complètement rénovés. L’intervention d’Edi Rama est une solution temporaire.