Detroit est devenue, depuis quelques années, avec ses ruines industrielles et ses buildings abandonnés un haut lieu de la culture graffiti Nord-américaine. Un peu trop peut-être pour les autorités locales qui cherchent des solutions pour endiguer ce qui semble être devenu un problème majeur de cette ville si prospère…

Plusieurs pistes sont envisagées, si l’on se réfère aux propos tenus par l’un des membres du conseil de la ville au journal Metrotimes, pour contrer ce qui semble poser de graves problèmes de salubrité publique. L’un des principaux changements serait de taxer les propriétaires qui ne maintiennent pas leurs murs « propres ». À savoir qu’ils auraient une semaine pour faire disparaître les éventuelles traces de peinture à compter de l’assignation émise par l’un des inspecteurs. Bon seigneur, la ville fournirait des informations ainsi qu’une liste de produits pouvant aider les murs à retrouver leur grisaille d’origine. Bien entendu, si les vandales ayant commis ces déprédations étaient retrouvés, ils se verraient obligés de les nettoyer, punition finalement plus légitime qu’une peine de prison. Rien de bien neuf dans la lutte contre le crime nous direz vous sauf que, car il y a un sauf que, les autorités devront faire face à un problème majeur et qui pourrait bien se retourner contre elles ; faire la différence entre un graffiti et une fresque murale, notez que l’on ne parle pas ici de tags, mais bien de graffitis.
En effet, les fresques murales ont de tout temps décoré les murs de la Motown et la communauté n’a pas oublié de le rappeler aux autorités l’année dernière, alors que débutait une grande opération de nettoyage. Mais cela n’a visiblement pas suffi à calmer l’administration qui veut maintenant s’atteler à créer un registre des oeuvres d’art murales de la ville de Detroit afin de permettre à ses inspecteurs de faire la différence entre oeuvres d’art et graffiti illégal… Pour y parvenir, et parce qu’ils ne sont visiblement pas experts en la matière, il semblerait que cette distinction pourra être faite par les propriétaires des murs qui déclareront ou non si le graffiti est illégal ou s’il est considéré comme une oeuvre d’art. Une chance peut-être pour les graffiti-artistes puisque si l’oeuvre est considérée comme une fresque autorisée par le propriétaire, celui-ci ne se verra pas obligé de payer de taxe s’il ne procède pas au nettoyage…
Voilà qui illustre bien, une fois encore, l’incapacité à reconnaître la beauté d’une oeuvre pour ce qu’elle est et qui met en avant les incohérences des politiques, particulièrement dans des villes sinistrées comme Detroit où le département des affaires culturelles a disparu dans un but d’économies.
Une chose par contre est certaine, la création de ce registre devrait permettre la création de quelques emplois, car la tâche s’annonce titanesque comme nous le prouvent les différentes galeries du site internet ilovedetroitmichigan.com/detroit-graffiti-street-art.