Initialement publiée en été 2012, revoilà la chronique du net album de BES qui refait surface et cela pour la simple et bonne raison qu’il est maintenant disponible en téléchargement gratuit. Voilà une bonne raison pour se mettre dans les oreilles l’album qui a valu plusieurs repreZent awards à BES !
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C’est très logiquement sur «Bienvenue dans ma life» que BES nous accueille sur son net-album éponyme et ouvre une nouvelle page de sa carrière puisqu’il s’agit ici du premier projet en collaboration avec les Parisiens de CasaOne Records. Et comme BES a le sens de l’hospitalité dans le sang, il sait nous mettre bien très rapidement. En moins de 4 mesures, il nous convainc de son talent, comme il le dit si bien dans «cosmonaute». Le ton est donné, la fusée a décollé… laissons nous transporter.
Arrive alors le premier invité du projet qui n’est autre que Nakk pour un titre dans lequel les mcs font preuve d’une grande lucidité pour nous décrire leurs ressentis vis-à-vis des relations humaines dans le «rap game» et plus largement entre les humains. Techniquement plus que maîtrisé (comme sur tout l’album), le rap de BES fait mouche et même le refrain s’intègre parfaitement au morceau. Cette fois le doute n’est plus permis, nos oreilles sont abreuvées par l’un des meilleurs rappeurs suisses en activité. Autre grosse satisfaction (et la suite de l’écoute nous le confirmera), la réalisation de ce (net-)album est excellente, ce qui de nos jours se fait malheureusement de plus en plus rare. Pas question ici de «tout pousser à fond», on joue sur les nuances et chaque élément des voix (que ce soit le rap, le chant, les refrains) et des prods est audible.
L’ordre des morceaux n’a visiblement pas non plus été laissé au hasard, alors que l’ambiance s’assombrissait quelque peu, BES nous redonne envie de bouger avec son «Qoni duart nalt». Titre festif par lequel BES met en avant de la plus belle des manières ses origines albanaises. On pourrait parler pendant des heures des répercussions positives que ce genre de démarche peut avoir sur toute une communauté, mais on se contentera de se demander pourquoi ce n’est justement pas ce genre de son (et de clip) qui trouve écho dans les médias nationaux…
BES est donc un rappeur positif, mais son sourire cache un artiste qui a parfaitement intégré les règles du business. Il nous le prouve avec «Boom, boom, boom», premier titre à «fort potentiel FM» de l’album. Et si ce titre devait être considéré comme trop rap pour être largement diffusé, «Mille et une question» devrait ouvrir les ondes françaises au Nyonnais. En effet, il livre ici un texte personnel qui parlera à beaucoup de personnes, et la voix de Kynssea au refrain rend le tout largement diffusable. Toujours dans un registre personnel, BES nous parle dans «Wanted» des rapports qu’il entretient avec la musique. L’ambiance est cette fois plus sombre, mais une fois encore le flow et l’intonation de BES servent parfaitement la prod, signée, comme les autres, par Cello.
Arrive alors «Pour briller» morceau qui ne nous a tout simplement pas parlé, tant musicalement que textuellement. On retiendra tout de même l’exercice de style de BES qui nous prouve qu’il peut adapter parfaitement son flow à n’importe quel type de prod mais c’est à peu près tout.
C’est dans un tout autre registre que continue BDML puisque l’on écoute maintenant «Paroles d’un homme». Sur une prod typiquement rap français. BES nous sert un texte qui dépasse la simple introspection pour devenir un constat de la société actuelle. Un rap qui ferait pleurer le plus grand des lascars, un morceau que l’on peut écouter en boucle car tout est là. «Parole d’un homme» ce n’est pas uniquement un texte qui te prend aux tripes, c’est aussi un flow absolument maitrisé et pour reprendre ses mots: «T’es où dans le rap? Dans les temps…», tout est dit. Enfin c’est ce que l’on pensait avant de découvrir que ce morceau n’était en fait qu’une introduction à «Veste en cuir». Ici il a choisi de nous parler de la difficulté de concilier vie amoureuse et musique. BES continue donc son travail d’introspection, et alors que beaucoup de ses compères se perdent dans des egotrips sans intérêts, lui réussit avec sincérité et authenticité à nous parler en parlant uniquement de lui. Et c’est certainement là que réside le secret de la qualité de ce projet. L’identification à ses textes est facile puisque BES nous parle de sa vie, de la vie. C’est encore le cas sur «Pas le temps» aux côtés de N’dal et Scar Logan. (NDLR Ce morceau nous paraît moins bien arrangé que les autres, et ce particulièrement sur le refrain où les voix sont un peu étouffées.).
Autre morceau à gros potentiel radiophonique, «Tourner la page» s’adresse à un public moins rap, ce public qu’il faut savoir toucher si l’on veut vendre quelques albums… la prod et le refrain sont vraiment accessible. Mais comme à chaque fois, BES nous rend une copie parfaite niveau rap. Comme quoi même avec du chant modifié repreZent peut apprécier.
On apprécie un peu moins «L’erreur est humaine» dans lequel BES rend une copie un peu trop facile au niveau du rap et de l’écriture, ce morceau est clairement en dessous des autres… on dira qu’il a le mérite de bien porter son titre.
Pour terminer, BES nous livre ses «rêves de gosse». Petite mélodie au piano pour conclure ce premier net-album sous l’égide de CasaOne. Et comme dans toute bonne conclusion, BES revient une dernière fois sur sa vie, ses espoirs et ses buts… On n’a rien à ajouter si ce n’est : chapeau bas l’artiste et vivement l’album !
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