itw: DEO

Alors que son album « Toucher Les Nuages » est disponible depuis le début de la semaine, repreZent est allé à la rencontre de DEO afin d’en savoir plus sur lui et vous donner envie de découvrir son univers musical.

repreZent : Présentations ?
Deo : Alors c’est Deo, alias « ptit coup d’fraîcheur ». Je faisais partie du groupe Melting et je suis parti sur un truc en solo. J’ai un album qui sort qui s’appelle « Toucher les nuages », que j’ai sorti en coproduction avec Urban Poetry. C’est une association qui promeut la poésie urbaine et qui aide les artistes de la région.

R : Ta mixtape s’appelle « 1re escale » et l’album « Toucher les nuages ». Sur un des titres, tu dis : « Loin d’avoir décollé sans faire d’escale, est-ce que tu captes ça ? » Quel est l’état d’esprit derrière tout ça ?
D : Je fais de la musique depuis que j’ai 13-14 ans, j’en ai 27 maintenant. Ça fait presque la moitié de ma vie que je fais ça. Je suis à fond dedans et je prends le truc comme un voyage, un peu comme la vie. C’est un peu métaphorique, conceptuel. J’ai fait un morceau qui s’appelle « Destination inconnue », parce que la vie est incertaine, tu te donnes les moyens, mais tu ne sais pas forcément où tu vas te retrouver. T’essaies de mener ta barque au mieux. J’ai amené le truc en sortant une mixtape gratuite mixée par Dj Vincz Lee il y a une année et demie qui s’appelait « 1re escale », c’était pour balancer déjà quelques titres, poser ma première pierre à mon petit édifice. C’était la première escale, le premier arrêt. Le but était de décoller pour mon album « Toucher les nuages » qui sort actuellement.

R : Pour rester dans les concepts, reviens sur les 3 épisodes « The supra mc man » et leur originalité plutôt étonnante dans le rap.
D : J’ai bossé ça avec un pote à moi qui s’appelle Aurélien Kollbruner de Satash Prod et on s’est dit qu’on voulait annoncer l’album, mais d’une manière originale. Je n’avais pas envie de faire un énième teaser qui annonce le prélude officiel de mon prochain titre. On s’est dit qu’on allait y aller au plaisir et on a chopé un vieux film chinois qu’on a détourné et on s’est bien poilé à le faire.

R : Ce qui saute aux oreilles à la 1re écoute de l’album, c’est l’impression d’un disque très travaillé musicalement. C’est quelque chose qui t’a tenu à cœur ?
D : Tu sais je prends le temps de faire les choses. La vie est longue et moi je me suis dit : « Si ça se trouve, un album, j’en fais qu’un dans ma vie ». Ça me tient réellement à cœur, j’y mets tout mon amour, toutes mes tripes. Il faut qu’à l’avenir, si je me retourne dessus, j’en sois fier, que j’ai pas à le regretter. Souvent on a pris le temps de construire les morceaux. Par exemple, j’ai un morceau avec Mark Kelly, super artiste d’ailleurs. Je l’appelle « l’électron libre », parce que c’est dur de le canaliser. Mais justement, il a plein d’idées ; donc on a pris le temps en studio de revoir le morceau qu’on avait entamé et de se demander ce qu’on pouvait faire mieux, de voir ce qu’on pouvait changer. Et en fait le morceau, on a fait deux ans pour le faire. Il a changé de visage au fur et à mesure pour donner « Coming of age ».

R : Les refrains sont aussi particulièrement accrocheurs…
D : Effectivement, j’ai pris le temps d’essayer de construire des refrains. Quand j’élabore une chanson, y a un thème approximatif, un truc global. Je le développe pendant les couplets et il faut que tu le ressentes pendant le refrain. Qu’il y ait une accroche, que l’auditeur le capte. Qu’il comprenne le thème du morceau par le refrain. Ca c’est aussi un travail, considéré peut-être comme plus simpliste : écrire quelque chose de plus accrocheur, de réussir à faire passer ton message en quelques phrases. C’est ce que j’ai voulu faire, tant mieux si j’ai réussi.

R : As-tu pensé « Toucher les nuages » pour la scène ?
D : Une bonne partie des titres de l’album, comme « Nanana », je les ai pensés pour la scène effectivement.

R : Comment choisis-tu tes instrus ?
D : Beaucoup par mes goûts personnels et à l’instinct. J’aime bien aussi pousser mes limites et me tester dans des choses que je ne fais pas habituellement. Mais ce n’est pas toujours évident. Il faut aussi que je puisse assumer le morceau complet. Ça m’arrive de temps en temps de commencer des morceaux et de me retrouver dans une impasse : ce que j’ai amené n’est plus très percutant, trop léger pour le morceau, alors il y en a qui passent à la poubelle.

R : Comment en es-tu venu à bosser avec Vincz Lee ?
D : Vincz Lee, c’est une rencontre « humaine ». Mon Dj à moi, Dj Kasaï, mon vieux pote Pat ; est une vieille connaissance de Vincz. À une époque, j’étais en colocation avec lui à Montreux et Vincz passait de temps en temps chez nous. On s’est rencontré comme ça. Je lui ai fait écouter ce qu’on faisait avec Melting, il m’a dit de passer à « Down Town Boogie », on a été super bien accueilli. Et petit à petit, on s’est revu, il m’a invité sur son album « The InVinczible » pour le titre avec Deklin et Sako. J’aime beaucoup ce mec, j’aime beaucoup son humour [rires].

R. Sur ta pochette, tu portes un tee où il est écrit « rock & roll ». Dans la chronique, je reprends tes termes : «Perturbateur, sex-pistols dans le pe-ra ». Y a clairement une influence rock dans ta musique…
D : Ouais ! En fait moi j’aime vraiment la musique en général, dans ses grandes lignes. Peu importe le genre, j’aime un artiste quand ce qu’il a à me donner, je sens que c’est sincère. Ça peut être quelque chose de très léger, très festif ou quelque chose de revendicateur ou de profond. En tant qu’adolescent, je suis passé par « Nirvana », « NOFX ». C’est quelque chose que j’aime beaucoup encore. J’aime bien la liberté qu’il y a dans ces musiques-là.

R : Y a-t-il une volonté de ta part de casser les clichés du rap, sortir des schémas ?
 D : Oui, si j’y réfléchis ; il y a une certaine volonté, mais elle est très naturelle. En faisant le point à mon âge, si je m’auto-analyse, les clichés « hip hop » très répandus ne me correspondent pas toujours. Je me retrouve mis à l’écart à un moment donné, donc j’exploite cette situation.

R : Sur le dernier feuillet de la pochette, il y a un collage qui reprend plein de références culturelles de ta génération. À chaud, tu peux me sortir celles qui t’ont le plus influencée.
D : Nirvana, Michael Jackson, « Ca » le clown diabolique, Mister-T, y a un tas de trucs. J’me suis beaucoup amusé à faire le patchwork.

R : Deo sur scène, ça donne quoi ?
D : Deo, ça donne pas mal d’énergie. J’aime bien pouvoir me lâcher. J’essaie de tourner avec mon Dj, c’est pas très facile de trouver des dates, on est en train de se démener. D’ailleurs, j’en ai bloqué une le 11 février au Ned. Je vais organiser une grosse soirée pour mon album. Je vais essayer de ramener tous les intervenants de l’album. Pour le coup, j’ai actuellement un bassiste et un batteur. En fait, on veut faire le combo : basse, batterie, sampler et on est en train de le bosser et j’espère que ça va être percutant. En tout cas, c’est très positif : j’aime beaucoup lâcher prise, je suis très spontané. Ce n’est pas toujours tout millimétré comme show, mais j’ai beaucoup de plaisir à être sur scène, j’adore ça. J’aimerais pouvoir en faire plus.

R : Projets futurs ?
D : Là en fait pour soutenir l’album, j’ai bossé pas mal de vidéos clips avec des collègues. J’en ai plusieurs dans les tiroirs qui sont tournés, montés. Et au fur et à mesure, je vais les diffuser sur YouTube pour soutenir un peu l’album, pour qu’il y ait du contenu. On en a tourné un cinquième dernièrement. Ces derniers temps, je bosse 2,3 trucs un peu plus légers, peut-être une mixtape en libre téléchargement, à voir… c’est très flou pour l’instant. Et je bosse surtout la suite avec ThomasB qui m’a déjà beaucoup aidé sur l’album « Toucher les nuages », donc je lui fais un petit « big up » au passage. Ça bosse dur en tout cas.

R : Pour finir, la question maison : Que signifie « repréZenter » pour toi ?
D : Alors pour moi, le mot représenter, ça me fait penser à un porte-voix. C’est prendre la parole pour ceux qui ne l’ont pas forcément. Et si on prend plus individuellement, c’est un peu se surpasser, te donner les moyens de faire au mieux ce que tu fais. Y mettre tout ton cœur, ton âme, tes tripes. Te surpasser et être fier de toi.

Plus d’infos et commandes de l’album « Toucher Les Nuages » sur deomusic.ch ou urbanpoetry.ch.

Et pour finir sur une touche typiquement Deo, on vous propose de visionner sa dernière vidéo de promotion :