Appel : Recherche VHS De Break Suisse


En Suisse, comme dans beaucoup d’endroits, on est mal barré. C’est-à-dire, qu’il est difficile de ressentir des sensations hiphopéennes dans les divers rassemblements, quels qu’ils soient. Je ne veux pas m’étendre sur le fait qu’aujourd’hui, c’est plus comme avant, qu’hier on n’avait pas YouTube, qu’on regardait la même cassette jusqu’à ce qu’elle soit trop usée, que chaque battle faisait partie un peu de l’histoire étant donné qu’il y en avait très peu. Bref, on vivait l’instant présent. YouTube n’est pas la raison de la perte de cette essence. L’engouement pour YouTube est le symptôme de la désorientation. YouTube n’est pas forcément un mal. Il permet de voir ce que vous voulez, si vous savez ce que vous cherchez. Par contre, si vous vous laissez emporter par le courant des forums, vous risquez d’être pollué et troublé dans votre quête de « qui je suis ? d’où je viens ? où je vais ? ».

Après quelques années dans cette discipline, une question peut se poser au bboy. Pourquoi et pour qui je danse ? Pour être le meilleur et/ou pour exprimer ma personnalité? Pour véhiculer les valeurs communes aux membres de mon crew ? Autant de raisons que de « hasards » dans la vie qui vous ont poussé à vous lancer là-dedans.
À ce moment, le bboy peut soit, choisir d’exceller dans les mouvements les plus épatants pour les personnes non-familiarisés et de travailler alors sa performance dans l’exécution de ses passages, ou alors, choisir de se soucier de l’unicité de sa danse et de ce qu’elle véhicule. (Je ne porte pas de jugement de valeur à l’un ou l’autre de ces choix). Dans le deuxième cas, ce posera la question du « biting », alors que dans le premier cas, ça ne devrait pas apparaître comme un souci majeur. Au cas où on aurait comme préoccupation de ne pas être un « biter », la limite où se termine l’inspiration et où commence le « biting » semblera parfois floue et mouvante selon les bboys et les « spots ». L’idée c’est que si on avait chacun inventé son break, on serait tous aveugles en train de faire tous n’importe quoi dans son coin. Ce n’est pas le cas. D’autant, si on tient compte du fait que l’être humain n’est pas capable d’Invention, mais que d’Innovation. De ce fait, on a tous vu des choses et appris le break d’une certaine manière qui aujourd’hui est propre à nous-mêmes. Mais il ne faudrait pas se mentir à soi-même en disant, ou pire, en pensant que l’on est l’unique créateur de son break. Je conseille donc aux jeunes bboys d’admettre leur(s) influence(s), de se soucier davantage du passé, d’observer ce que ceux avant et au même endroit ont déjà réalisé, se soucier d’acquérir les fondamentaux de cette danse, et d’autre part, de chercher la créativité en soi, dans son imagination (peu importe le terme), en restant honnête avec soi et ne pas vouloir être quelqu’un d’autre, plutôt que de se concentrer sur le « présent ailleurs » et accessoirement sur YouTube pour savoir qui a gagné quoi, en faisant quoi, dans quelle partie du monde..

Je parle, à partir de mon point de vue de bboy en Suisse et c’est dirigé pour les autres bboys de Suisse romande en l’occurrence. La conscience collective est un critère qui définit toute culture, y compris la culture Hip Hop. Par cet appel, je propose de réunir le plus grand nombre de documents vidéos qui témoignent de notre histoire, afin de stimuler les nouvelles générations et d’aider les jeunes bboys à trouver leur voie.
Vous êtes les bienvenus à Neuchâtel, pour toute discussion, échange et « cypher » bien sûr.
mario.cofrancesco(at)hotmail.com

Mario, Deep Trip, Neuchâtel