itw: Alice Russell


Quelques heures avant son concert au MàD de Genève, Alice Russell a accepté de répondre aux quelques questions de repreZent.ch ! Et on a même réussi à avoir un bonus vidéo !

repreZent.ch : La première fois que j’ai entendu ta musique, c’était la reprise des White Stirpes, “Seven Nation Army”. Dès les premières notes, je me suis dit “wow cette fille a la meme force dans la voix qu’Aretha Franklin”. Puis, j’ai écouté tes albums et j’ai été impressionée par le travail vocal qu’on peut y entendre. Il est puissant et subtile à la fois. D’où te vient cette voix ? As-tu fais un grand travail technique dessus ?
Alice Russell : C’était naturel jusqu’à quelques années en arrière car j’ai eu un problème de voix. Quand j’étais plus jeune, je chantais dans à la chorale d’une église. Il y avait beaucoup de gospel autour de moi et c’est ce avec quoi je chantais. Je pense que c’est une manière de s’entrainer ; tu écoutes et tu chantes. Je pense que l’entrainement à la chorale était vraiment quelque chose de bien parce que j’étais jeune à l’époque et chanter était quelque chose de naturel pour moi. Plus tard, je crois que je ne faisais que chanter avec mes musiques favorites. Et ça semblait vraiment naturel de faire ses sortes de cris de temps en temps. Ca faisait aussi du bien.

repreZent.ch : When I first heard your music it was with your cover from the Whites’s Stripes’ Seven Nartion Army and I said to myself, wow this girl has the same power in her voice as Aretha Franklin does. Then, I listened to your albums and I was impressed by the vocal work on it. It’s strong and subtle in the same time. Now I must ask, where do you get this voice from ? Did you have to do a lot of technical learning or was it natural from the beginning ?
Alice Russell : It was pretty natural up until a few years ago when I had a voice thing. I used to sing in a Church choir. The music I gravitated around was a lot of gospel and I sang along with that. I suppose that in a way that is training. When you’re listening with your hear and going into those sounds. I think the choir training was really good cause I was really small and it was natural to sing. I think later on I was just singing along with my favourite music. And it felt a really natural thing to just do that kind of yelling sometimes. It feels kinda good to do.

repreZent.ch : Est-ce que tu as étudié le chant-jazz ? Parce qu’on peut entendre certaines de ses caractéristiques dans ta manière de changer.
Alice Russell : Non…je pense que c’est juste naturel. J’ai seulement appris avec mes oreilles…et mon cerveau.

repreZent.ch : Did you study jazz singin’ ? Because we can hear some of its characteristics in your way of singin’…
Alice Russell : No…I think its pretty natural. I just learnt it with my ears… and the brain.

repreZent.ch : Pour moi, ta music est un potpourri bien équilibré entre la soul, le funk, le blues, le reggae et la musique électronique. Le tout saupoudré de jazz. Comment as-tu créé ce son si spécial ?
Alice Russell : (Rires). En fait, c’est juste moi qui redevient une éponge. J’ai écris mes derniers albums avec TM Juke. Ce sont des combinaisons de toutes les choses que l’on aime, tout les différents types de musique que l’on apprécie. J’aime le funk, j’aime le rock, j’aime la soul, j’aime la musique classique, l’électro, le reggae…tout ça ! Tu l’ingurgites et tout ce que tu vas exprimer après sont les choses que tu aimes ; comme les livres que tu lis et les pensées que tu as. Ils viennent tous de choses que tu aimes.

repreZent.ch : Your music is, for me a well-balanced melting-pot of soul, funk, blues, reggae and electro with a touch of jazz. How did you come up with this special sound ?
Alice Russell : (laugh) Basically, its just me being a sponge again. The last couple of albums were written with TM Juke and me together and it’s all a combination of all the things we love, all these different types of music. I love funk, I love rock, I love soul, I love classical, electro, reggae… all these. You soak it up and then all you’re going to express are going to be the things you love; like the books you read and the thoughts you have. They all come from the things you love. It all kinda vibes together.

repreZent.ch : Alors tu prends tout ce que tu écoutes et tu le mets dans ta musique ?
Alice Russell : Ouais. Tu prends toutes les choses que tu aimes et les exprimes de manières différentes.

repreZent.ch : So you put everything you listen to into your music ?
Alice Russell : Yeah. You just take all the things you love and express them in a different way.

repreZent.ch : J’ai assisté à ton concert au Montreux Jazz Festival en 2009. J’ai été très impressionnée par l’énergie que toi et ton groupe aviez sur scène. D’où te viens cette énergie ?
Alice Russell : De chacun d’entre nous et du public. Parfois on la donne au public et parfois c’est le public qui nous donne l’énergie. Mais le public, parfois…ça dépend ! dans certains endroits, si le public devient vraiment déchainé, tu bouges avec l’énergie du public et du groupe. Et, bien sûr, on a un charmant groupe de personnes, alors on bouge de toute manière avec l’énergie de chacun d’entre nous. Mais si le public est vraiment bon, il y a encore plus d’énergie.

repreZent.ch : I saw your gig at the Montreux Jazz Festival in 2009 and I was really impressed by the energy you and your band had on stage. Where do you get this energy from?
Alice Russell : From each other and also the crowd. Sometimes you give it to the crowd and sometimes the crowed passes on the energy to you. But the crowd, sometimes…it depends… like in some places if the crowd really goes wild, you’re bouncing along with the crowd and the band. And obviously, we’ve got a lovely band of people, so we bounce of each other anyway, but if you get a really good crowd that gives you even more.

repreZent.ch : On s’est croisée avant ton concert à Montreux et tu m’as dis que tu allais voir Earth, Wind and Fire avant de donner ton concert. Est-ce qu’ils t’ont inspiré ce jour là ?
Alice Russell : Ouais on est allé et on les a vu. Et j’ai rencontré Quincy Jones ce jour-là !

repreZent.ch : We met before your show at the Montreux Jazz Festival and you told me that you were going to see Earth Wind and Fire before going on stage…Did they inspire you that day ?
Alice Russell : Yeah we went and saw them. And I met Quincy Jones that night.

repreZent.ch : Ouais, il est toujours là-bas.
Alice Russell : Je sais…Il te sort des « hello » (Alice essaie d’imiter Quincy Jones). Il est toujours beau. Il est chou.

repreZent.ch : Yeah, he’s always there
Alice Russell : I know…He’s like “hello” (Alice tries to imitate Quincy Jones). He still looks good. He’s cute.

repreZent.ch : Et qu’est-ce que ça t’as fait de te produire dans un festival si mythique ?
Alice Russell : C’était génial parce que tout le monde transpirait et t’aurais pas pu mettre une mouche supplémentaire dans l’audience, tellement il n’y avait plus de place. Et, juste avant le concert, j’étais assis près du lac ; c’était vraiment cool. Tout était brumeux.
Et le truc génial à ce festival c’est que tu peux voire beaucoup de héros !

repreZent.ch : And how was it for you, to perform in such a mythical festival ?
Alice Russell : It was wicket cause it was really sweaty and there was a really lovely rammed crowd. And just before the gig I was sitting by the lake so that was really cool…it was all misty.
And just this great thing at this festival is that you get to see a lot of heroes.

repreZent.ch : Tu as travaillé sur la chanson « Beautiful Loosers » du dernier album du groupe français Hocus Pocus. Pour moi, cette chanson est un paradoxe. La musique est entrainante ; elle te rend joyeux et te donne envie de danser. D’un autre côté, les paroles reflètent une triste réalité. Quelle est ta vision du morceau ?
Alice Russell : Ouais. C’est vraiment des gars sympas. C’est le cas avec beaucoup de chanson qui montrent la réalité mais son vraiment belle alors qu’en fait elles peuvent être vraiment triste en même temps. Souvent, la musique te rend heureux, te donne de l’espoir mais les paroles sont tristes. Mais j’ai aimé ça ! Quand il (n.d.l.r : 20Syl – la voix de Hocus Pocus) m’a envoyé les paroles – parce qu’il a du traduire tout son rap pour me l’envoyé pour que je sache sur quoi il rappait. C’était cool. C’est un parolier génial. J’ai vraiment aimé travaillé avec eux.

repreZent.ch : You worked together with the french band Hocus Pocus on their last album (on “Beautiful Loosers”). For me this song is a paradox. The music makes you wanna dance and makes you feel joyful whereas the lyrics reveal a sad reality. What’s your vision of this song ?
Alice Russell : Yeah. They’re really nice guys. That’s hand and hand with a lot of songs that show reality but are really beautiful, where in fact they may be really sad too. A lot of the time with the music it gets uplifting but the lyrics are sad. But I loved it ! When he send me the lyrics – cause he had to translate all his rap to send it to me so that I knew what he was rapping about…That was pretty cool. He’s a great lyricists. I really liked working with them.

repreZent.ch : Ton dernier album s’appelle « Pot of Gold » (traduction : Pot d’or). Peux-tu nous en dire plus sur comment tu l’as écris ?
Alice Russell : TM Juke et moi-même voulions essentiellement retourner aux bases sur cet album. On a fait beaucoup d’album studio sur lesquels ont a travaillé avec des samples, des loops, des boîtes à rythmes et d’autres sons que j’aime tout autant. On est retourné vers ceci avec l’album sur lequel on est entrain de travailler. On a beaucoup tourné avec le groupe et pour cet album (n.d.l.r : « Pot Of Gold ») on a voulu écrire les morceaux tout en retournant aux bases : une guitare et une voix. On voulait le rendre au groupe. C’est comme un album live. On l’a fait en deux jours avec les gars, tous dans la même pièce. On a juste ajouté de la corne et d’autres choses…mais tout le reste a été enregistré au même moment. C’est vraiment comme un album live pour moi. Il est ce qu’il est et il est vrai.

repreZent.ch : Your last album is called « Pot Of Gold ». You could tell us how you wrote it ?
Alice Russell : Basically, TM Juke and I wanted to go back to basics for this one. We’ve done a lot of studio albums, where we worked with samples, loops, program drums and other sounds which I love just as much and we have sort of gone back to that with the album on which we are working on now. We’ve been touring a lot and for this album we wanted to write songs back to basics with guitar and voice. We want to take it back to the band. This is like a live session album. We did it in two days with the guys, all in the same room. The only thing we added were horns and other stuff … but everything else was recorded at the same time. So it’s very much like a live session album for me. It is what it is and it’s all real.

repreZent.ch : Qu’est-ce qui t’as inspiré pour les paroles de cet album ?
Alice Russell : Tout. Il y a tellement de choses différentes. Par exemple. « Two Steps » parole d’une relation de couple : tu avances et puis tu recules. Le nom de l’album, « Pot Of Gold », vient des paroles de « Turn and Run » : « Poor as a beggar on a Pot of Gold » (traduction : Pauvre comme un mendiant sur un pot d’or). On ressent qu’on est souvent entrain de lutter pour faire les choses qu’on veut faire. Mais tu ressent aussi que peut importe ce qu’il arrive tu es toujours sur un « pot d’or » parce que tu fais la musique que tu aimes. Et pleins de différentes choses. « Got the Hunger », c’est le fait qu’on disait ce qu’on voulait vraiment dire, qu’on y allait. On l’a écrit et on l’a chanté. Il se passe beaucoup de choses folles au niveau politique. Parfois, quand tu lis le journal tu te dis « oh je ne peux rien faire ». Mais on doit toujours se rappeler qu’on a le pouvoir. Ouais, pleins de différentes choses. Juste la vie.

repreZent.ch : What did inspire you for the lyrics of the album ?
Alice Russell : Everything. There are so many different things. For example, “Two Steps” is about a relationship ; you go forward and then back. The name “Pot of Gold” came from “Turn and run”’s lyrics : “Poor as a beggar on a Pot of Gold”. It feels that quite often your struggling just to do the things you wanna do. But you feel that whatever happens you’re still in a pot of gold cause you’re still doing the music you love. And it’s all different things. “Got the Hunger” is just about the fact what we are really saying and getting up and writing and taking the stand. There are a lot of crazy political things going on. Sometimes you read the paper and you’re like “oh I can’t do anything”. But we must always remember that we got the power. Yeah, lot of different things. Just life.

repreZent.ch : Quelle chanson te décris le mieux ?
Alice Russell : C’est vraiment difficile parce que tout le monde a une vision différente des chansons. Et, ça change parfois. Euhmmm…Je dirais que c’est souvent « Dreamer » (n.d.l.r : de son dernier album « Pot of Gold »). Oh c’est vraiment difficile, ça change tout le temps.

repreZent.ch : What song describes you the best ?
Alice Russell : That’s really hard cause everyone has different sides to them. And it changes sometimes. Euhmm…I’d say “Dreamer” quite often. Oh it’s really hard, it changes all the time.

repreZent.ch : Imagine que tu atterri sur une île déserte et que tu ne peux prendre que 5 albums avec toi. Lesquels choisirais-tu ?
Alice Russell : Oh noooon…5 albums…je pense que je choisirais plus des artistes que des albums…Je pense que je prendrais « Songs In a Key of Life » de Stevie Wonder parce qu’ils y a pleins de chansons différentes et j’adore les chanté parce que je les connais très bien. Prince – « Controversy ». Je pourrais avoir « Cello Suites » de Bach. Oh mon dieu s’en est trois. Donny Hathaway, mais sûrement un best of pour que je puisse avoir autant de chansons que possible. Ça fait quatre. Qu’est-ce que je pourrais avoir d’autre ? Peut-être que je choisirai un opéra, parce que c’est plus long et que j’en ai quelques uns. « Tosca » de Maria Callas. Mais ça change tout le temps.

repreZent.ch : Imagine you crashed in a desert island and you could only take 5 albums with you. Wihch ones would you choose?
Alice Russell : Oh nooo…5 albums… it think it’d have to be more the artists than the albums…I think I’ll chose Stevie Wonder’s “Song in a key of life” cause there’s so many different songs and I love singin’ them because I know them so well. Prince’s “Controversy”. I might have Bach’s “Cello Suites”. Oh god that’s tree. Donny Hathaway, probably a best of so I can have as many songs as possible. That’s four. What else would I have ? Maybe I’ll go for an Opera, cause it’s longer and I have a couple of those ones. Maria Callas – « Tosca ». But it’s always changing.

Quelques heures après l’interview, retour au MàD. Exit la lumière et le staff qui s’anime pour mettre en place la scène. Tout est prêt pour l’arrivée de celle que toute la salle attend : Alice Russell. Tout le monde arrive, s’installe, papote et patiente tranquillement avant l’arrivée de la sensation anglaise. Mais, avant cela, place à Tom Switf. Tom qui ? Tom Swift, l’homme-orchestre venu de Bâle vêtu de sa blouse de scientifique. Tom swift et ses morceaux groovy aux paroles tantôt anglaises, tantôt suisse-allemandes, tantôts mélancoliques, tantôt comiques. Après la première partie, la salle s’active. Les rangs se resserrent, votre envoyée reprezentienne se retrouve au premier rang (à son plus grand plaisir) et ne loupera donc rien du spectacle. Et c’est le cas de le dire. Car oui, les habitués vous le confirmeront, le MàD n’a pas la taille d’une aréna. Et tant mieux ! L’intimité et la proximité qu’offre le lieu permettent au public de se retrouver quasiment sur scène, sans avoir à enjamber barrières et sécus et sans avoir à porter des jumelles pour voir l’artiste.

Alice Russell se fait désirer ; c’est d’abord son armada d’hommes qui constitue son groupe qui entre sur scène. Le pianiste aux pieds nus et la chevelure digne de Kurt Cobain, le batteur et le bassiste qui plaisent à ses dames, la banane style sixties du guitariste qui n’est d’autre que le producteur TM Juke et Mike. Oui, Mike, le grand nounours qui joue du violon. Puis, Alice Russell fait son entrée. La musique peut enfin commencer. Dès le premier morceau, le ton est donné. La soirée ne fait que commencer et la musique sera bonne. La voix d’Alice Russell impressionne. Sans tomber dans la caricature de la chanteuse qui ne fait que « hurler », l’anglaise offre puissance, subtilité et émotion à travers un jeu vocal qui ferait jalouser plus d’une diva. Que se soit sur « Dreamer », « Let us be loving » ou encore « Hunger » (pour n’en citer que quelques uns), sa voix est là, s’impose d’elle-même et bluffe. La voix d’Alice n’est pas la seule puissance de la soirée ; l’énergie du groupe en est une autre. On a parfois même eu l’impression d’être en plein concert de rock ; le groupe saute, danse, s’écroule sur scène, l’inondant de bière et autres boissons au passage. Les morceaux s’enchainent, sans qu’on voit le temps passer. Puis, vient l’heure de la fin. Alice et ses hommes s’éclipsent pour revenir, à la demande sur public, et terminer la soirée sur la reprise épurée du tube de Gnarls Barkley, « Crazy ».

Vous l’aurez compris, le concert d’Alice Russell était un vrai régale. Même si on regrette l’absence de certains titres, dont la reprise du « Seven Nation Army » des White Stripes qui l’a fait connaître, le niveau musical du groupe et d’Alice Russell a fait du bien à nos oreilles. Alors si vous n’étiez pas là, filez chez votre disquaire pour écouter tout ça !

par SophiaJasmina