Dis Papa, Pourquoi Je Vends Pas De Disques?


Un petit tour sur le blog de Nega nous apprend que Bligg vient de sortir son dernier album, chose qui passe plutôt inaperçue par chez nous et pourtant… Et pourtant Bligg est l’artiste qui vend le plus en Suisse avec ses quelque 120,000 copies écoulées, faisant de lui un meilleur vendeur que U2, Rihanna ou Alicia Keys, voilà pour la cadre de l’article. Inconnu ou presque en Suisse Romande, on peut donc en déduire assez facilement que la quasi-totalité de ses ventes est faite en Suisse alémanique, ce qui pose la question de fond de notre article; pourquoi le rap vend mieux en Suisse allemande?

Plusieurs pistes sont à explorer, la première étant celle de la musique en tant que telle, les gros vendeurs sont-ils « moins Hiphop » que les autres? Long débat sans fin qui finalement ne sert à rien, c’est pourquoi nous balayons cette hypothèse d’un revers de la main, tel un gentleman. Par contre, les chiffres nous prouvent que si ces artistes ont su trouver un public pour leur musique, ils ont surtout trouvé un public qui achète leurs disques, ce qui n’est pas le cas dans notre belle Romandie. Inversons donc la question et demandons-nous pourquoi le rap ne vend pas chez nous.

Alors oui, vous pouvez venir arguer que nous sommes bien moins nombreux que les Alémaniques et que de fait, moins de copies seront vendues… vous pouvez aussi dire que vous faites du « vrai rap », et que par conséquent vous vendrez beaucoup moins qu’un album à tendance pop. Mais si on en croit les statistiques des visites sur notre site, le rap suisse romand a son public et potentiellement chaque artiste devrait pouvoir prétendre à un minimum de 10,000 ventes.

10,000 copies vendues, voilà, le chiffre est lancé… ça peut paraître beaucoup pour certains, peu pour d’autre, mais quel artiste romand a déjà atteint ce score? On les compte sur les doigts d’une main d’un yakusa ayant déçu son maître quelques fois… Et pourtant, 10,000 ventes ce n’est pas énorme, il serait même très facilement atteint si le 50% des lecteurs de repreZent achetait la production suisse. Car oui, pour vendre il faut que quelqu’un achète… mais c’est là que le bât blesse par chez nous.

Chaque artiste se plaint du manque de soutien, mais aucun n’achète les albums des autres, et ne venez pas nous dire que ça coûte trop cher… 50.- de budget mensuel pour soutenir le rap local c’est pas la mer à boire, ça vous fait quoi? Un paxon de beuh de moins, un quart de teille en moins un soir en club, même pas une Nike, un tee? Ne venez pas nous dire que vous n’avez pas les moyens, on vous voit le week-end, et pour faire la fête ou avoir le swagg vous avez toujours de l’argent… Par contre pour soutenir le mec d’à côté là y’a plus personne, et après vous venez vous plaindre que personne ne vous soutient…

On appelle ça un cercle vicieux, mais qui se transforme facilement en un cercle vertueux. Suffit juste d’y mettre un peu du sien. Rien de bien neuf dans cet article, on ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes mais bon, c’était notre coup de gueule automnale pour vous dire qu’il faut acheter local (et télécharger international).

Mr Seavers