Le rap de Rox Anuar fait danser ses doutes et ses rêves


C’est lundi matin, repreZent fait sa revue de presse du week-end et voilà que Le Courrier nous refait un article sur le rap romand avec une page consacrée à Rox Anuar. Alors comme en plus c’est lundi matin et qu’on a pas trop envie d’écrire, on fait un copier/coller et hop, un article tout chaud pour repreZent. C’est beau internet quand même!

Par Roderic Mounir dans Le Courrier.

Introspectif et poétique, le Genevois fait mouche sur son nouveau CD. Samedi, il est au Boom Back Festival en belle compagnie.

De l’avis de ses pairs, c’est l’une des locomotives du rap romand. Samedi, jour où Danse du Silence doit atterrir dans les bacs, Rox Anuar sera aux côtés de Kool Shen de NTM notamment, dans ce qui s’annonce comme l’événement rap de l’automne au bout du lac, le Boom Back Festival (lire ci-dessous). L’occasion pour le Genevois de défendre son nouveau CD, après ses vernissages au Zoo de l’Usine et au Bourg de Lausanne. «Je n’ai plus l’âge de brandir le numéro postal de mon quartier, répond posément Rox Anuar. Pourtant avec Lausanne, on se connaît peu, même s’il n’y a que 60 km entre nous.» A 32 ans, le rappeur aux origines italiennes, travailleur social auprès de migrants, ados et personnes âgées, fait figure de vétéran.
On se souvient du D.U.O, tandem philosophico-poétique qu’il formait il y a dix ans avec Jonas. Les deux camarades, tout en restant proches, ont choisi de voler de leurs propres ailes. Jonas avec le Taxi-Brousse Orchestra et l’Ironie du Son, Rox en concrétisant un premier album solo, en 2004, intitulé Amourespaix (contraction d’amour, respect et paix). Publié sous le nom d’Anuar, il était emprunt de questionnements spirituels et métaphysiques.

Refaire le monde
Depuis, l’heure de la synthèse a sonné. A commencer par celle des noms: «En combinant Rox et Anuar, j’ai résolu ma schizophrénie», plaisante l’intéressé. Synthèse d’expériences aussi. Malgré l’assurance du verbe, le rappeur ne masque ni l’introspection, ni une certaine mélancolie. Ainsi sur «Ame en quête»: «J’apprends le métier d’homme / mais ne vis encore qu’en apprenti sorcier / souvent dépassé / par les responsabilités endossées». Avec Danse du Silence, mise en poésie d’infinis non-dits, on retrouve l’ancien du D.U.O, on prend de ses nouvelles et on l’écoute refaire le monde.
Sur «La Différence», il rappe sur son enfance, l’expérience de marginalité et l’irruption salvatrice du hip hop. Il rend hommage à ses proches (tel ce frère adoptif) et aspire, encore et toujours, à l’harmonie des êtres. Le tout soutenu par le chant polyglotte de l’Israélo-Suisse Yaël Miller. «Juste deux amis qui font un duo», balaie Rox Anuar lorsqu’on relève le symbole politico-confessionnel. Engagé sur les terrains artistique et social, il se dit peu enclin aux discours politiques.
Concocté par Michael Kundaeli (alias Wika) au studio Dwella Sound de Morges, le son est impeccable. Les rythmes claquent, les basses funky chaloupent avec élégance et sans ostentation, les mélodies se faufilent avec grâce dans la scansion. Surtout, Rox Anuar évite l’écueil qui plombe tant de rappeurs francophones, cette accentuation irritante quand elle cherche à singer l’anglais. Swing, rimes, intonations, et ce petit cheveu sur la langue en guise de signature qui désarme: on dodeline de la tête sans perdre le fil du propos, toujours intelligent.
Le travail d’un passionné, qui peaufine son style de longue date. «Quand j’étais à l’école, on devait être cinq à écouter du rap, à taguer et à breaker (faire des graffitis et danser au sol, ndlr). Aujourd’hui c’est le contraire, la majorité en écoute ou en tout cas adopte l’attitude et le look hip hop. Il y a eu une explosion dans les médias comme Skyrock, MTV et les magazines. La qualité n’égale pas forcément la quantité, mais à Genève et dans la région, on ne compte pas les rappeurs qui publient leur disques et diffusent leur clip sur Internet.»

La scène d’abord
A cette débauche «avant tout virtuelle», Rox Anuar préfère «la réalité du contact humain». Lui qui anime des ateliers d’écriture rap et officie parfois comme juré lors de «battles», monte sur scène et métisse sa formule à grand renfort de guests et de musiciens live: le flûtiste Cédric Asseo (complice de Maciré Sylla), le bassiste Marcello Giuliani (ex-Silent Majority), le platiniste DJ Dan, la chanteuse Yael Miller du groupe Orioxy, l’étoile montante du dancehall alémanique Elijah, les MC Benzo, Milk Coffee & Sugar et bien sûr Jonas.
Au fait, la perspective de partager la scène avec la moitié de NTM, ça fait quel effet? «Ça me laisse complètement indifférent.» L’éclat de rire qui suit nous renseigne: samedi, la sérénité de Rox Anuar pourrait bien être mise à mal par une légende du rap français. I

Note : Rox Anuar, Danse du Silence, CD Dwella Sound / PBR Records.