10ip – Je Garde La Tête Haute (album)

C’est au bord du lac de Neuchâtel, dans un petit coin du Michigan que certains nomment encore Cortaillod que l’on se rend aujourd’hui pour découvrir un musicien de 26 ans. Portant les stigmates de son adolescence jusque dans son nom d’artiste, 10ip est comme ces gosses au parcours en dents de scie, parfois un peu trop rêveurs, parfois un peu trop bruyant, mais qui ont tous en commun d’avoir la tête ailleurs.

Celle de 10ip a su trouver de la hauteur et pas uniquement parce que le titre de son album le dit. C’est surtout parce que c’est d’en haut que 10ip nous invite à regarder ce qui a fait sa vie. Des phases d’écorchés vifs, pas de gangster à travers lesquelles il nous dépeint son quotidien, celui de quelqu’un qui, pour reprendre ses mots a grandi dans la douceur, mais a appris dans la douleur, l’itinéraire de quelqu’un de simple qui, quoiqu’il arrive, remercie la vie des épreuves qu’elle lui offre, la musique, comme souvent, servant d’exutoire.
Par ses textes, 10ip cherche avant tout à nous toucher avec les tréfonds de son âme, sans jamais forcer la technique ou sombrer dans la quête de la punchline, travers récurent du rap d’aujourd’hui misant tout sur la forme. Non, 10ip a le goût des mots, et même s’il prend parfois des chemins un peu facile, il ne s’aventure jamais dans les traverses de la vulgarité, ses métaphores tombant toujours à point. Et c’est peut-être cela qui rend son rap accessible, car, et il le dit lui-même, son but est de faire de la musique, pas d’être un rappeur. Ne reniant jamais ses origines comme il nous le prouve encore avec son Jardin d’Eden par lequel il rend hommage à la longue tradition italienne des chansons d’amour torturées.

Mais que les amateurs de rap pur et dur se rassurent, 10ip ne les oublie pas et certains des titres de son album leur feront particulièrement plaisir, comme lorsqu’il invite une quinzaine d’acteurs de la scène romande pour son remix du Romandie Tour, bel hommage à sa version originale, aussi présente sur l’album, et dans laquelle il se livre au périlleux exercice du «name dropping», livrant un titre où les connaisseurs se régalent de sa technique d’écriture et de ses nombreuses références au rap romand.
C’est très logiquement qu’il termine son album avec «Avancer quoi qu’il en soit», morceau avec lequel il referme la parenthèse, fait la synthèse de son album, laisse la porte ouverte pour une suite et nous dit au revoir.

Pour commander l’album : michigang.ch